• Joyeuse danse funèbre

     

    Joyeuse danse funèbre

    Présentation :

    Malo ne vit que pour le surf. Il a tout pour être heureux : une bicoque sur la plage pleine de charmes, une petite-amie merveilleuse, une vie insouciante et saine. Mais parfois, certains aléas viennent tout remettre en question...

    Genre : drame

  • Article 1

    Un homme est debout face à l'océan.
    Derrière lui, une bicoque en bois perdue sur la lande.
    Devant lui, la mer agitée.

    Tout n'est que sensations pures.

    Le bruit des vagues...
    Les cris aigus des mouettes cherchant des crustacés...
    L'odeur des algues...
    Le bruit des vagues....
    Quelques bateaux au loin, très loin sur la ligne de l'horizon...

    Le vent lui fouette le visage; l'homme passe sa langue sur ses lèvres, lentement, pour y retrouver le goût salé de l'océan.

    Tout n'est que sensations pures.

    La mer bleue agitée et le vent qui agite ses cheveux.
    Les vagues cognant les rochers dans un fracas assourdissant.

    Il y a le bruit des vagues.
    Les couleurs rougeoyantes de l'aube naissante qui embrasent le ciel et la mer.
    Encore le bruit des vagues, incessant va-et-vient de gris et d'écumes...
    Et un homme debout face à l'océan et à lui-même.


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  • Article 2

    Un sentiment d'urgence tire la femme des brumes du sommeil. Elle s'assoit brusquement sur le lit, le cœur étreint par une peur irraisonnée. La place à côté d'elle est vide, encore empreinte de la tiédeur du corps qui y reposait quelques instants plus tôt.

    Elle lève les yeux vers la fenêtre contre laquelle cogne une branche malmenée par le vent.
    Les premières lueurs du jour colorent le ciel de filaments de lumières chatoyantes.

    Il doit se trouver sur la plage, comme tous les matins depuis qu'elle le connaît. A défier les éléments sur sa planche de bois. Qu'il vente ou qu'il pleuve, il ne déroge jamais à ce rituel.
    « Comme tous les matins ». « Jamais ». Des mots qui prennent une toute autre dimension depuis qu'ils savent... et qui la précipitent hors du lit, affolée sans qu'elle sache pourquoi.

    Ses pas la portent sur la plage, derrière la maison.
    Il est là, au loin, sa planche sous le bras, silhouette minuscule, fragile et solitaire face à l'immensité de l'océan avec lequel il semble vouloir entrer en communion. Les embruns l'auréolent d'une douce lumière dorée tapissant une fresque impressionniste.
    Saisie par la beauté du moment, la femme se laisse choir sur le sable, entoure ses jambes de ses bras et attend.


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  • Article 3

    La vague, gigantesque au loin, a déroulé magnifiquement puis est venu mourir sur le sable, en un tourbillon de mousse et d'écume. L'homme, fasciné par ce spectacle, respire profondément et, encore tout empli d'un respect quasi religieux, prend son élan pour se jeter à l'eau. Son esprit n'est occupé que par un seul but : prendre la vague pour rejoindre les suivantes. A plat ventre sur sa planche, il commence à ramer. Il sent la force implacable du courant qui tente de le déporter vers les rochers. Alors, il pousse plus fort sur ses bras pour ne pas se laisser happer.

    C'est comme un défi entre lui et la mer. Un défi dont il connaît les dangers et dont il s'efforce de déjouer les pièges.

    Un moment d'inattention, un manque d'humilité et il se fera brasser impitoyablement par les remous.

    Tandis que la vague commence à se former, il accélère progressivement en poussant sur ses bras. La vague est extrêmement puissante mais ses années d’entraînement lui ont permis d’acquérir une lecture parfaite des vagues et des mouvements de la houle, si bien qu'il se met debout sur la planche en un mouvement fluide et élégant avant d'entrer dans le tube.

    Il ne vit que pour ça.

    Entrer à l'intérieur de la vague qui a pris cette extraordinaire teinte bleu-vert translucide avec la lumière du ciel au bout du tunnel. Là, il oublie tout. Son corps, son esprit, ne tendent qu'à traverser le rouleau de la vague. Il oublie le fait d'être appelé un homme, il oublie son nom, il oublie son individualité ; il n'est plus que l'écume de cette vague, cette myriade de molécules d'eau tourbillonnante. Il peut sentir la plénitude, comme s'il était proche de la perfection. Non pas qu'il soit parfait, mais que tout autour de lui est devenu parfait... jusqu'à se demander s'il rêve ou s'il vit. S'il rêve qu'il vit.


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  • Article 4

    Il vit.

    Il sent le sable humide s'enfoncer doucement sous ses pas qui laissent leur empreinte et que la marée montante aura vite effacé.

    Il sent le vent qui agite ses cheveux et le sel sur ses lèvres.

    Il aperçoit sa femme au loin qui l'attend assise sur le sable, ses bras entourant ses jambes, à peine protégée par le tissu léger de sa chemise de nuit.

    Il la dépasse sans s'arrêter puis va poser sa planche de surf contre le mur de la maison avant de se diriger vers la salle de bain.


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  • Article 5

    La chaleur de l'eau sur sa peau froide provoque un sentiment de bien-être, trop vite chassé par celui de la peur. Mais ce n'est pas la même peur que celle ressentie tout à l'heure dans le rouleau de la vague, cette peur mêlée d'humilité qui faisait cogner son cœur aussi fort que la mer agitée cognait les rochers et qui le faisait se sentir incroyablement vivant, non, cette peur-là est sournoise, visqueuse. Cette peur-là ne le pousse pas à se transcender, ni à repousser ses limites, non, elle lui donne juste envie de se recroqueviller sur lui-même, et à attendre, hébété, que quelqu'un vienne le sauver de lui-même ! L'air commence par lui manquer, et ses oreilles à bourdonner. Un étau lui comprime la poitrine, l'empêchant de respirer. Le bras tendu, il prend appui contre la paroi de la douche, tout en s'efforçant d'aspirer puis d'expirer lentement.

    La crise passée, il sort du bac, ceint une serviette autour de ses reins. Il essuie la buée du miroir, contemple le visage de l'homme qui s'y reflète. Il ne reconnaît pas ces traits émaciés et ce regard agrandi par l'angoisse.

    «Pourquoi m'as-tu trahi?» demande-t-il silencieusement à ce corps élancé et harmonieusement musclé donnant toutes les apparences de la santé.

    D'un geste déterminé, il saisit les ciseaux posés sur le rebord du lavabo et commence à tailler dans ses dreads.


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  • Article 6

    Il a dû rester anormalement longtemps dans la salle de bain car il entend sa petit-amie tambouriner contre la porte et ses cris de plus en plus angoissés qui le supplient de lui ouvrir.

    Elle tombe dans ses bras, en larmes.

    « J'ai cru que tu avais eu un malaise », lui reproche-t-elle doucement.

    Puis, elle lève la tête pour accrocher son regard et remarque enfin le saccage de sa coiffure.

    « Tes beaux cheveux, se lamente-t-elle toujours aussi doucement.

    — J'ai préféré devancer de moi-même le moment où le traitement les fera tomber... »

    Un silence prolongé s'installe, pétri de peurs et de doutes, qu'elle finit pourtant par briser.

    « Viens, ou nous allons finir par être en retard à l'hôpital... »


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  • Article 7

    L'homme s'est lourdement laissé tomber à la place du passager. Sa tête rasée s'avachit contre le dossier de la voiture et ses yeux se coulent vers le front de mer, trouvant un réconfort dans le spectacle des vagues qui cognent les rochers et de cette nature éternelle et grandiose qui le fait se sentir si fragile mais si plein d'orgueil comme s'il en était le créateur...

    « Où as-tu rangé tes cigarettes ? Demande-t-il abruptement, faisant sursauter la conductrice.

    — Là, dans mon sac à main », lui répond sa compagne, qui n'ose l'empêcher de fumer.

    Il extrait une cigarette de son étui.

    Lui qui menait une vie tellement saine et hygiénique... Pour ce que cela lui a servi !

    En cherchant un briquet, il découvre une petite boîte en ferraille qu'il ouvre, poussé par la curiosité. Il y trouve du sable dans un sachet — le sable de la plage sur laquelle on a fait l'amour pour la première fois, l'informe la jeune femme qui suit ses mouvements du coin de l’œil ; un ticket de bus daté du 25-02-2009 et portant une toute petite inscription manuscrite : jour où Malo m'a embrassée pour la 1ère fois ; un coquillage...

    L'homme se tourne vers la femme, interrogateur.

    « Tu ne te souviens pas ? Tu m'as donné ce coquillage la veille de mes examens à la fac en me disant qu'il me porterait chance. »

    L'homme ne le dit pas mais il est ému par ces objets en apparence anodins mais qui comptent pour lui comme les témoins des jours heureux qui passent et qui ne s'effacent jamais tout à fait.


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  • Article final

    Il a finalement rejeté la cigarette dans son étui.

    Il porte le coquillage à son oreille.

    Il ferme les yeux pour mieux se laisser emporter.

    Il entend le bruit des vagues.

    Et sent l'odeur salée de l'océan.

    Il se laisse bercer par cette musique apaisante et familière, apaisante parce que familière.

    Le bruit des vagues.

    Le bruit des vagues.

    Le bruit des vagues.

    Et un homme debout face à lui-même...


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  • A la base, cette nouvelle devait inaugurer l'ouverture du blog collectif de nouvelles appelé L'Atelier en février 2009, si ma mémoire ne me fait pas défaut (ouais, je sais, je suis très légèrement en retard).

    Elle devait donc être illustrée avec les Sims 2 et le personnage avait été inspiré par ce sim, issu lui-même d'un jeu sur feu Critisims :

    Malo

     

    En 2009, j'avais écrit la moitié de la nouvelle (le début et la fin comme à mon habitude), mais je ne sais pas pourquoi j'ai tant tardé à écrire la partie manquante. Peut-être avais-je des doutes sur le ton assez sombre de la nouvelle et qui ne semblait plus appropriée à mes yeux pour fêter l'ouverture du blog L'Atelier ? (remarquez, la nouvelle que j'avais finalement choisie d'écrire pour remplacer celle-ci était encore plus sombre...^^)?

    Toujours est-il que 12 ans après, je me suis décidée à la finir une bonne fois pour toute !

    J'ai essayé de recréer dans les Sims 4 un personnage qui ressemble à l'original... enfin, presque !^^

    Blabla de fin

    Concernant le titre de cette nouvelle, j'ai emprunté l'expression à un surfeur qui désigne ainsi sa discipline. Comme j'ai perdu mes notes dans un déménagement, je n'ai pas plus de précisions, désolée...

    Voilà, j'arrive à la fin de mon blabla et j'espère que cette nouvelle vous a plu !

    J'essaierai pour la prochaine fois de terminer celle qui avait été choisie lors d'un sondage : et ça tombe bien, c'est justement celle qui aurait dû inaugurer L'Atelier à la place de Joyeuse danse funèbre... (à moins que ce ne soit le contraire, j'avoue que j'ai comme un doute après toutes ces années... he)


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  •  

    Deux ans se sont passés depuis Joyeuse danse funèbre, et Malo et Maxence ont une bonne nouvelle à vous annoncer : 

    Des nouvelles de Malo...

     

    Des nouvelles de Malo...

    Alors, fille ou garçon ?


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  • Les années passent, et la petite Margault a maintenant 3 ans...

                                                            ... (et les cheveux de Malo ont bien repoussé!)

    Un après-midi à la plage


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